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Les espèces du Lycée Rotrou
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Ophrys apifera Huds. [= Ophrys abeille]. Le genre Ophrys regroupe les espèces dont le labelle est modifié et mime le corps d’un insecte, le plus souvent de petits hyménoptères (Ordre des Abeilles). Au moment de la maturité de la fleur, cette dernière émet des substances volatiles ressemblant aux phéromones sexuelles émises par la femelle de l’insecte pollinisateur. Le mâle attiré par ces substances et trompé par la forme de la fleur copule avec elle (pseudocopulation), la confondant avec une femelle. Le mâle se retrouve avec deux sacs de pédonculés remplis de pollen (les pollinies) sur la tête qu’il va transporter vers une autre pseudofemelle assurant ainsi la pollinisation croisée. La floraison a lieu de mi-mai à mi-juin. Les plantes mesurent généralement une vingtaine de cm de hauteur.
Dans le cas de l’Ophrys apifera, les pollinisateurs principaux sont des abeilles solitaires (dont plusieurs espèces d'eucères, parmi elles, Eucera lon
gicornis) mais pas par les abeilles sociales (comme l'abeille domestique). L’espèce pollinisatrice et l’orchidée sont intimement liées, l’une ne pouvant pas exister sans l’autre, on parle de coévolution. La sauvegarde des Ophrys assure ainsi par la même occasion la sauvegarde de l’insecte. [ Ci-contre, pollinies collées sur la tête d’un mâle abusé par une fleur d’Ophrys, © C. FELLONI (
http://a53.idata.over-blog.com)]
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Anacamptis pyramidalis (L.) Rich. [= Orchis pyramidal]. Considéré comme assez rare en Eure-et-Loir, cette Orchidée était très rare autrefois, sa présence a tendance à augmenter dans notre département depuis quelques années. La plante
reste toutefois inscrite dans la liste des espèces légalement protégée en région Centre. Une protection de ses populations est donc légalement obligatoire. Un pied de cette espèce a fleuri en 2019. La floraison a lieu chez nous la première quinzaine du mois de juin et la plante peut atteindre une trentaine de cm de hauteur. Les fleurs colorées sont chacune munie d’un éperon contenant du nectar. Dans ce cas, la pollinisation est assurée par des insectes possédant une trompe suffisamment longue pour accéder au nectar, comme des papillons diurnes. La sauvegarde de cette espèce d’orchidée contribue ainsi à la sauvegarde simultanée de papillons, en baisse d’effectif actuellement. [Carte de répartition d’Anacamptis pyramidalis en Eure-et-Loir, © Atlas de la flore sauvage du département d’Eure-et-Loir, Dupré et al. 2009]
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Himantoglossum hircinum (L.) Spreng. [= Orchis bouc]. C’est une grande orchidée pouvant atteindre 50 cm de hauteur. Les feuilles sont très grandes, parfois 20 cm de longueur. La hampe florale est très fournie de plusieurs dizaines de fleurs à très long labelle étroit (d’où son nom signifiant langue en lanière), mais à couleurs ternes donc peu voyantes de loin. Les pollinisateurs sont divers, on retrouve principalement des hyménoptères, des mouches, des papillons, certains scarabées et cétoines.
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La biologie des orchidées
• Colonisation par les orchidées
Les orchidées possèdent des graines minuscules produites en très grand nombre (jusqu’à 4 millions par fruit), mais avec quasiment aucune réserve nutritive. Du coup elles sont très légères et sont facilement transportées par le vent. C’est très probablement par cette voie anémochore que des Orchidées sont arrivées dans les pelouses du lycée. En contrepartie, la germination des graines est excessivement capricieuse. Elle nécessite obligatoirement une association avec un champignon mycorhizien du sol pour germer, le champignon assurant l’apport en éléments nutritifs pour la croissance de la plantule. La présence d’orchidées dans les pelouses du lycée met en évidence la présence de ce champignon dans le sol qui est donc favorable à la germination et au développement des orchidées. Une gestion appropriée pourrait non seulement permettre de sauvegarder les orchidées présentes actuellement, mais permettrait la multiplication des espèces présentes voire le développement d’autres espèces encore plus rares comme par exemple l’Ophrys fuciflora (Ophrys bourdon – protégé lui aussi en région Centre) poussant non loin à Cherisy. Les orchidées affectionnent les sols pauvres en éléments nutritifs et supportent mal la concurrence d’autres espèces.
• Cycle de développement des orchidées
Les orchidées sont des plantes à bulbes (orchis = testicules et elles en ont deux - aussi). Grâce à eux elles survivent plusieurs années, ce sont des plantes dites vivaces.. Elles ne sont cependant pas visibles toute l’année puisqu’à la mauvaise saison, les plantes n’ont aucune partie aérienne visible. Et pour les orchidées la mauvaise saison est l’été ! La plante va développer ses feuilles au cours de l’hiver grâce aux réserves accumulées dans les bulbes. Au printemps dès début avril, certaines d’entre elles, les plus vigoureuses, développent une hampe florale. La floraison a lieu entre la mi-mai et fin juin pour les 3 espèces qui nous intéressent. Une fois pollinisées les fleurs se transforment en fruit, une capsule. La maturation des capsules, leur dessèchement et leur ouverture avec la dispersion des graines prennent généralement de 6 à 8 semaines. Ainsi nos orchidées finissent leur cycle début août. Pour favoriser le développement des orchidées il convient de laisser grainer le maximum de pieds en ne coupant pas les hampes florales avant la dispersion des graines, d’où l’importance d’une fauche tardive.